samedi 16 février 2008

Le paradis marin mexicain de Ojo de Liebre

Sur la Côte-Nord, à Grandes-Bergeronnes, il ya un endroit où Louise et moi aimons beucoup aller plusieurs fois par année. C’est le Paradis marin, un site camping sur le bord du Saint-Laurent qui est un des plus endroits au monde pour observer les baleines qui viennent s’alimenter dans une fosse de près de 100 mètres longeant le littoral entre Grandes-Bergeronnes et Tadoussac. Il y a là, à chaque année, une ciquantaine de spécimens de baleines ( Roqual commun, Petit roqual et à l’occasion des baleines bleues) ainsi qu’une centaine de Bélugas qui vivent dans cette région maritime à l’année longue.

Ici, à Ojo de liebre, nous sommes à 8000km de Grandes-Bergeronnes, du côté du Pacifique, où des baleines grises viennent mettre au monde leurs petits ( un à tous les 2 ans) à 12 000km de leur aire de vie normale, au large de l’Alaska, dans le détroit de Béring. Elles naviguent vers le sud à 8km/heure pendant trois mois, pour venir passer quelques mois dans les lagunes de cette région du Mexique. Les mâles, les jeunes veaux d’un an et les femelles ,tous descendent dans les lagunes de Ojo de liebre et de San Ignacio pendant que là haut, la mer se couvre de glace et les empêcherait de respirer. On a recensé environ 20 000 baleines grises qui parcourent ce périple. Elles viennent vivre ici, de novembre à mars, soit 5 mois, mais on n’en voit jamais plus de 2 000 à la fois qui entrent dans les lagunes. Ces jours-ci, avec une mer agitée par les vents, nous n’en voyons de la rive que quelques-unes que nous pouvons localiser par leurs soufles.

Ici, en apparence pour un humain, c’est le désert total, les dunes, le vent constant, rien ne se passe que le va-et-vient des milliers d’oiseaux de toutes sortes qui se nourrissent sur les plages de la lagune et sur les petites îles de sable qui emergent à marée basse, des milliers de petits coquillages que produit la lagune. Mais il y a également 42 sortes de reptiles et 13 espèces de mammifères, dont un renard qui a rôdé autour du campement pendant quelques jours. Une nuit, il s’est approché à quelques mètres de moi, alors que je marchais sous les étoiles. Il a aboyé, un hurlement plutôt qu’un aboiement. Je l’ai braqué avec ma lampe frontale et il a quitté notre aire de campement sans se presser, voyant qu’il n’était le bienvenu.

Nous sommes là attendant que le vent se calme pour aller en mer voir les baleines. Une petite troupe de Grandes–grues blanches a fait escale sur une pointe de sable. Nous les avons prises pour des Pellicans-café mais en les voyant s’élever dans le ciel avec leurs ailes blanches grandes ouvertes tourbillonnant pour prendre de l’altitude, nous avons reconnu ces grandes sœurs du vent qui se déplacent sur la planète du nord au sud sur plus de 20 000km chaque année. Elles me font envie de voyager, de les suivre vers le sud, le long des mers et des grandes plages sauvages où elles se déposent quelques jours, le temps de se nourrir avant d’aller plus loin. Aller plus loin, c’est aussi le retour vers leurs aires de nidification, chez-elles quoi, le temps de confectionner leurs nids et de faire naître leurs petits. Elles repartiront, dans le tourbillon du vent, vers le ciel bleu où elles règnent comme déesses du vent.
31 janvier

Le vent s’est abattu vers 2 heures du matin. Un silence impressionnant s’est installé sur la lagune, une grande paix, pendant laquelle on peut entendre les cris des oiseaux et le souffle des baleines. Levés tôt, nous nous préparons pour aller voir les baleines en panga dans la lagune. La panga est une petite embarcation de la taille d’une petite verchère.

Au loin, devant le centre d’interprétation où nous attendons les autres visiteurs, les baleines lancent leurs souffles en émergeant de la mer; un petit pour le baleineau et un grand pour la mère qui se suivent côte à côte pendant ces trois mois d’allaitement que dure l’élevage du petit. Nous partons enfin, vers 9h00 avec un couple du Royaume-Uni (UK) vers la rencontre des baleines grises. Nous approchons quelques-unes qui s’évadent aussitôt. Plus loin, nous sommes au milieu d’une dizaine de baleines qui se nourrissent dans une aire poissonneuse. Elles ne sauvent, celles-ci étant trop préoccupées à se nourrir. Puis, l’une d’entre elles s’intéresse à notre bateau. Elle lève la tête pour voir qui nous sommes puis se met à flotter dans notre direction, passant sous la panga, pointant le museau près de l’hélice. Puis, repassant sour le bateau, elle approche son museau de l’endroit où nous sommes au centre de la panga, pour se faire caresser le museau par nos amis Philip et Angela. Elle se laisse flotter ainsi un moment, la tète tout près de nous. Se tourne d’un côté à l’autre pour voir nos profils sur la panga. Elle nous regarde longuement. Ce contact est impressionant. Sans doute avons-nous affaire à une curieuse baleine, intelligente et communicative. Elle aussi vient chercher un contact avec l’homme, ce mammifère terrestre qui peut à la fois être son admirateur et son chasseur. Heureusement, les Japonais sont loin en Antarctique à faire leur pêche à la baleine soit disant scientifique, nos baleines grises ne les rencontreront pas pendant leur périple. D’autres dangers les guettent cependant, les orques du Pacifique, des chasseurs impitoyables pour les plus faibles d’entres elles dont les petits veaux qui remonteront vers l’Alaska. Bon séjour aux baleines grises dans la Laguna Ojo de Liebre.

Revenons à nos Anglais. Ils sont sur la route depuis 2 ans, dans un petit RV comme nous, mais dont l’aménagement, plus rudimentaire a été réalisé par eux avant leur départ pour un tour du monde. Partis de UK en janvier 2006, ils ont traversé toute l’Europe de l’ouest et de l’Est, les plaines du Kasakstan, de l’Ouzbekistan, la Mongolie (désert de Gobie) et une partie du Sud de la Russie pour se diriger en Chine et en Corée. Ils ont envoyé leur véhicule, dans un container par bateau, à Los Angeles Californie, et pris l’avion pour le Japon pour passer quelques jours à Tokyo. De là, ils ont pris une vol pour Los Angeles et retrouvé leur véhicule au port. Ils voyageront aux États-Unis d’Amérique, au Mexique et au Canada avant de redescendre faire le tour de l’Amérique Centrale et du Sud. Voyageant dans les endroits les moins touristiques, prenant de routes de terres pour se rendre dans les endroits les moins habités de la terre, ils passent quelques jours comme nous sur les bords de Laguna Ojo de Liebre. Ils sont encore sur la route pour deux ans, nous le reverrrons dans doute quelque part au Nord ou au Sud.

29 et 30 janvier 2008

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