lundi 21 avril 2008

Mexico : la grande cité

Nous sommes arrivés dans la vallée de Mexico il y a une semaine, curieux de découvrir enfin cette géante qui a les pieds dans l’eau.

Eh oui, Mexico et ses environs avec ses 30 millions d’habitants est construite sur les terres asséchées d’un réseau de lacs dont les fonds restent très humide et argileux..En conséquence ,la ville s’enfonce d’un pouce par année,ce qui semble peu. Toutefois, cela a un effet fort visible sur les vieux édifices qui craquent de partout et qu’on retient de mur à mur avec des câbles. Dans certaines vieilles églises, dont la cathédrale métropolitaine, les planchers valsent au gré des mouvements antérieurs du sol et une bille se promènerait longtemps avant de s’arrêter. En s’y baladant, nous avons de temps en temps des sensations de perte d’équilibre tellement le plancher ou les murs prennent des tangentes importantes. Certains temples sont d’ailleurs fermés pour des raisons de sécurité.

Mais pourquoi donc s’être installé ici dans cette vallée de 45 kilomètres par 100, entourée de hautes montagnes et de volcans dont le Popocatépelt qui fume encore tous les jours?

La réponse remonte à près de 700 ans. En 1325, les Aztèques, qui vivaient depuis l’an 1111 à Aztlan au nord-uest cherchaient la terre promise. La légende veut qu’une prophétie leur ait été adressée et ce message leur indiquait qu’ils auraient enfin leur terre promise lorsqu’ils verraient un aigle perché sur un cactus tenant dans son bec un serpent. Le drapeau mexicain représente d’ailleurs cette scène. Ils virent cette combinaison sur une petite ile du lac Texcoco. Et ce fut la fondation de Tenochtitlan, premier établissement permanent, ancêtre de la grande ville mexicaine.

Sur ces terres, ils n’étaient pas les premiers visiteurs. Des fouilles archéologiques ont mis à jour, dans la région, des centaines de ruines et une pyramide remontant à 800 ans avant Jésus Christ.

Les Aztèques trouvèrent à cet endroit des conditions climatiques idéales pour établir une cité. Le climat du plateau était tempéré, les terres arables et surtout l’eau des montagnes environnantes, dont certaines sont couvertes de neige, garantissaient une irrigation continuelle.

De plus, la géographie de la vallée ceinturée de montagnes sur 3 cotés permettait une défense facile du territoire contre des ennemis éventuels. Ainsi à la fin du quinzième siècle, Tenochtitlan était devenue une riche et luxuriante cité formée de multiples pyramides accompagnées de maisons de pierres, de jardins et de fontaines. Elle était irriguée par de nombreux canaux et plus de 300,000 habitants y vivaient. C’était l’empire Aztèque et possiblement la plus populeuse des villes existantes à cette époque dans le monde.

Puis les espagnols arrivèrent en 1519. Sans aucun scrupule, assoiffés par la quête de l’or, ils envahirent le territoire, pillèrent les trésors aztèques, torturèrent leurs chefs et détruisirent leurs temples pour y construire leur propres églises et bâtiments. Ils récupérèrent les pierres des temples aztèques pour paver leurs places publiques. Ceci est arrivé à Mexico mais aussi dans l’ensemble du pays.

Comment une poignée de 400 espagnols ont-ils réussi à contrôler ainsi un peuple de grands guerriers? Ils sont arrivés avec des fusils. Le son de ces canons terrorisa les Aztéques. Ils avaient également 16 chevaux. Les Aztèques les prirent pour des divinités-monstres. Moctezuma, l’empereur Aztèque accueillit Hernando Cortes pensant qu’il était envoyé par un de leur Dieu conformément à une légende voulant qu’en l’année 1519, ce Dieu reviendrait sous une forme quelconque. Les espagnols surent également profiter des guerres de clans pour s’associer des tribus ennemies dans leur lutte contre les groupes les plus résistants.

Tous ces facteurs ont donc permis aux espagnols de contrôler rapidement les chefs et de vaincre ce peuple très facilement.

Assez d’histoire pour le moment ! C’était sommairement quelques informations qui permettent de comprendre la situation géographique de cette ville et d’expliquer pourquoi ses plus vieux batiments datent du seizième siècle à part, bien sur, ses pyramides et ruines mises à jour suite à des fouilles archéologiques.

Aujourd’hui, Mexico c’est avant tout 30 millions de citadins partageant quotidiennement le même espace de vie et de travail. C’est une ville moderne avec des aires de circulation automobile digne des plus grandes villes du monde. Des avenues, des boulevards, des axes d’évacuation larges de 4 à 6 voies permettent à des millions de véhicules d’entrer et de sortir de la ville quotidiennement. Des d’agents de circulation à tous les coins, sifflet à la bouche, rythment le flux des automobiles de 6 à 9 le matin et de 5 à 9 le soir.

Ici l’automobile est reine malgré de lourds bouchons qui font dire à un mexicain qui doit aller chercher quelqu’un à l’autre bout de la ville qu’il y sera dans 2 jours.Et malgré tout la ville est calme. On entend, bien sur, des coups de klaxon de temps en temps, mais rien de comparable à la folie furieuse de Paris ou du Caire.

Dans le contexte d’une si grande ville où un employé bien payé gagne 30$ canadiens par jour, le trans port en commun devient essentiel. De notre hôtel, à quelques 12 kilomètres du centre ville, nous avons circulé en Métro-bus et en métro. Le métro coûte 20 sous pour traverser la ville dans tous les sens et le métro-bus 45 sous.

Le Métro-bus circule au centre du boulevard sur des voies réservées de 4 heures du matin à minuit le soir. Les stations sont sur le terre plein, au centre de la voie, surélevée pour permettre l’entrée de plein-pied des passagers. La billetterie est informatisée, vous achetez une carte dans une distributrice (60 sous) et vous y versez la somme que vous voulez à partir d’un guichet. Quand vous prenez le bus vous n’avez qu’à faire lire votre carte pour accéder au débarcadère, le lecteur débite le coût de votre passage. Il y a des télévisions dans le métro-bus et la partie avant est réservée aux femmes, enfants et personnes agées. Ainsi, les mains baladeuses aux heures de pointe ont moins d’opportunité pour choisir leur victime. Le même principe est appliqué au métro.

Ce qui frappe dans ces transports en commun, c’est le calme de la foule. Contrairement aux métros de Paris, Londres, New-York et même de Montréal on ne sent pas ici de fébrilité. Les gens marchent calmement sans courir, ils sourient et jasent entre eux. Même coincés comme des sardines ils restent disciplinés et respectueux.

Bien sur le métro est un lieu à risque pour les pick pockets et autres délits. Pas plus ici qu’ailleurs cependant. Les délits sont réprimés par des gardiens qui sont présents à chaque station. Nous sommes restés prudents et avons respecté les règles élémentaires de sécurité. Nous n’avons jamais été témoins de quelque méfait que ce soit.

Il est très intéressant d’observer la physionomie des gens. Il y aurait au Mexique 10% des gens qui seraient des descendants purs des européens, 15% seraient des descendants purs des diverses tribus indiennes et les 75% restant sont métissés. Il ressort de cette réalité une grande variété de visages et de couleurs de peau. Une constante toutefois : les mexicains ne sont pas très grands et les yeux bleus sont fort rares.

Mais il y a en tout mexicain un vendeur qui dort. Il faut voir partout des gens se promener avec du matériel et nous offrir leur marchandise : gomme, crayon, miroir, CD, housse à vêtements, bijoux, ect. Tout y passe et partout : places, rues, trottoirs, métro, bus, etc. On se demande s’ils en vivent et comment .

On retrouve également dans cette grande ville ce qui existe partout ailleurs, c'est-à-dire des petits restaurateurs ambulants qui installent leur réchaud au propane et cuisinent toute la journée : tortillas, tomales,maìs, etc. Les gens achètent et mangent sur la rue. Rarement en marchant. Ils restent sur place et le réchaud devient un lieu de regroupement.

Nous avons visité de nombreuses églises, des musées, des palais gouvernementaux, des édifices datant des années 1600 qui étaient à l’origine des maisons de vice-roi espagnols ou de comte. À plusieurs endroits nous attendaient des surprises, derrière une porte sur la rue vous découvrez une enfilade de portails, des cours intérieures, des murales souvent de Diego Rivera, des jardins, des fontaines d’une grande beauté. Les styles baroque, renaissance, art déco donnent à cette ville un charme unique qui vous séduit et vous incite à vouloir en découvrir davantage.

Mexico c’est aussi un plateau au cœur d’une chaine volcanique dont certains éléments restent actifs. Combinée aux mouvements des plaques techtoniques, cette réalité impose à Mexico un grand risque de tremblement de terre. Celui de 1985 a tué 10,000 personnes.
Mais les mexicains croient en Dieu. Toutefois paraît-il, les calendriers Aztéques et Incas s’arrêtent tous deux en 2012. Si on revient, ce sera avant !!!!!

Louise

L'altitude : de Patzcuaro à Cuernavaca

Le Mexique est avant tout un pays de montagnes et de haut-plateaux. La majorité de sa population vit sur des haut-plateaux à une altitude variant de 2 000 à 3 000 mètres (6 300 à 9 300 pieds). Nous sommes entrés dans le vrai Mexique intérieur à partir de Manzanillo où nous avons quitté la mer et les plages pour les haut-plateaux. L’altitude des terrasses maritimes, qui sont en moyenne de 13 mètres, fera place à l’altitude des haut-plateaux et de certains sommets de 5 000 à 6 000 mètres comme les volcans Nevado à Toluca et le Popocatepetl près de Publa.

La géographie de ce pays est tellement variée que cela crée des modes de vie et des habitats contrastants. Il y a plusieurs Mexique dans ce pays.

Patzcuaro, le pays des artisans

De Guadalajara, la ville à l’esprit Tapatio, nous avons pris la route vers Patzcuaro en prenant de l’altitude. Patzcuaro est une petite ville de 50 000 habitants à 2 500 mètres d’altitude ( 7 500 pieds). Arrivé le jour de Pâques, nous avons découvert une petite ville en effervescence. Le centro comprend deux places, la grande (plaza Vazca de Quiroga) et la petite ( plaza Gertrudis Boca Negra) qui étaient remplies à craquer de petits étals de vendeurs de marchandises de toutes sortes : artisanats, fruits et légumes, bouffe odorante et piquante, le tout servi par des gens haut en couleurs dans leurs costumes traditionnels. Sur la grande place dansaient quelques jeunes, accompagnés d’une guitare et d’une contrebasse. Cette danse est un classique de la région. Elle immite des vieux aux pas alertes tapant des pieds un peu comme une gigue rythmant de leurs pas la mélodie jouée par les musiciens.

Patzcuaro est construite de maison en Adobe. Ce terme évoquera pour certains le fameux logiciel Acrobat reader mais le terme évoque ici la fabrication des briques de terre rouge mélangée à du foin et de l’eau pillassée par un cheval. La couleur des édifices est uniforme partout dans toutes les rues du centro, le bas des maisons est rouge-foncé et le haut blanc. Les autobus et les taxis forment ici le principal de la circulation. Ce sont des Volskwagon, coccinelles et buswagon aux feux circulaires.

Le lac Patzcuaro a quelques îles habitées. Pour s’y rendre, il y a des bateaux taxis très colorés que nous prenons au quai principal de la ville. L’île de Janitzio est la principale des quatre îles du lac, et la plus visitée par les touristes. C’est un gros caillou de 700 mètres de diamètre et de 150 mètres de hauteur. Elle est habitée par des indiens Taratzcan qui vivent dans des maisons de pierre et de ciment construites en terrasses du bas jusqu’au haut de l’île. Elle est sillonnée de ruelles et d’escaliers qui permettent d’aller partout dans tous les sens. On s’y déplace parmi un chapelet continuel d’étals de marchandise et de nourriture tenus par des femmes habillées d’une robe traditionnelle blanche avec des broderies colorées avec un tablier bleu rayé de gris.

Sur le sommet de l’île s’élève une statue d’une impressionnante laideur, haute de 50 mètres, érigée en l’honneur de Jose Maria Morellos, un des généraux révolutionnaires. À l’image de la statue de la liberté à New-York, elle a un bras élevée au-dessus de la tête portant un flambeau. Cette structure est un assemblage de pierres et de ciment reposant sur une base pyramidale. À l’intérieur, on peut y gravir les 7 étages en parcourant des fresques relatant l’histoire de la révolution mexicaine, de la libération de l’esclavage et de la domination de la couronne espagnole qui a étouffé la population indienne pendant 300 ans. Arrivé au sommet du bras, une fourmillière de mexicains se pressent pour se faufiler la tête par une fente de 30 centimètres, les peids appuyés sur le rebord de ciment à peine assez large pour y mettre les pieds. L’espace d’un instant les fourmis montent de plus en plus dans ce petit espace de 2 mètres de diamètre. Personne n’assure la sécurité et l’ordonnancement des gens qui montent et descendent. Il faut dire aux gens d’attendre en bas afin de libérer l’escalier pour descendre. Je rejoins Louise qui est restée en bas de l’île, que nous quittons rapidement par bateau enveloppés par les odeurs nauséabondes des eaux brunes du lac. C’est bien dommage qu’ils ne prennent pas soin de l’environnement du lac car il étouffe le pauvre. Et dire qu’ils pêchent encore des petits poissons blancs et des carpes qu’on nous offraient grillés ou séchés et que nous avons refusé.

Santa Clara del Cobre

Aux alentours de Patzcuaro, il y a des villages d’artisans comme Santa Clara del Cobre où se produisent des objets en cuivre. Autour de la place du centro et dans quelques rues attenantes on trouve des dizaines d’atelier d’artisans du cuivre. De véritables cavernes d’Alibaba remplies de trésors fabriqués dans les cours arrières où brûlent des feux sur lesquels on chauffe des plaques de cuivre, les martelle afin de les amincir et leur donner la forme de milles objets divers : soleil, lune, éviers, bassines, chaudrons et plateaux ornés de dessins floraux et animaliers d’une grande finesses. Chaque village a une spécialité, le cuir à Quiroja, la sculpture sur pierre à Iahuitzo, le fer forgé et la sculpture sur bois à Patzcuaro. La région regorge d’objets de qualité et de grande beauté inspirés par les symboles de la tradition culturelle Taratzcan.

Iuhatzio : la sainte florarie

Essayez de prononcer Iuhatzio à voix haute, et cet autre, Tzinzintzan. Ces villages ne sont pas habités par des chinois immigrés au Mexique mais par des Tarazcan, un peuple indien qui a sa propre langue encore vivante et enseignée dans les écoles de la région de Patzcuaro. Tout à côté de Iuhatzio, nous avons visité notre premier site archéologique, une petite pyramide double face à une longue place de 500 mètres. À la fin de la journée, nous entrons dans le petit village de Iuhatzio où se prépare la fête du saint patron de la paroisse. Tout les villages en ont un que l’on fête en grand ici au Mexique. Tout le village est fébrile et des pétards éclatent dans la montagne afin d’attirer l’attention du Saint qui vaque au ciel à d’autres occupations plus sanctifiantes que de planer au-dessus d’un des nombreux villages dont il a été gratifié le saint patron. On se faufile en camion Safari dans les petites ruelles du village, à peine assez large, à première vue, pour laisser passer une voiture. La plupart sont des sens unique. Arriver devant l’église on se stationne dans une croisée de chemin un peu plus large. Devant nous, les rues me semblent encore plus étroites. Comment allons-nous sortir de là? Pour l’instant, ce qui attire notre attention ce sont quelques hommes qui s’affairent à construire un portique de fleurs qui sera élevé autour de l’entrée principale de l’église. Il n’y a pas moins de 10 000 fleurs rouge et blanche et de la verdure attachées en rangs serrés, formant des dessins élégants. Dans l’église, il y a aussi des fleurs partout dans la nef principale et sur les autres petits autels. Des centaines de bouquets de fleurs, des lys blancs et des gerberas de toutes couleurs, décorent cette magnifique église. Quelle démesure!

Nous reprenons le chemin vers la sortie du village lorsque devant nous s’avance une procession bruyante.Les hommes pétards et une fanfare de cuivre accompagnent une petite troupe de femmes, hommes et enfants qui marchent autour des porteurs de la statue du patron et de la vierge de la Guadeloupe qui accompagne toujours le saint dans son périple terrestre. Toutes les femmes portent des bouquets de fleurs qui viendront s’ajouter à l’exhubérance florale déjà présente dans l’église. Mais surprise, les marcheurs sont suivis par les gros camions du village. Trop tard pour reculer le Safari, les camions se glisseront dans l’étroit passage qui reste entre les facades des maisons et le Safari, passant lentement sans que personne ne nous invective pour le dérangement que nous leur occasionnons.

El Rosiario : le pays des Monarques

En quittant la région du lac Patzcuaro, nous passons par Morelia, la capitale de l’Ètat du Michoacan. C’est une ville magnifique avec un centro historique formé d’un ensemble d’édifices de l’époque coloniale ayant une petite touche royale, car la ville a été jadis le siège de la vice royauté de la Nouvelle Espagne. Comme la plupart des édifices de l’époque coloniale au Mexique, ces habitations royales ont été converties depuis la révolution en siège du gouvernement de l’État, du conseil et de l’administration municipale, en locaux pour l’Université et les écoles publiques.

Nous quittons Morelia en fin de journée afin de nous diriger vers les Monarques, les papillons venant du nord qui viennent hiberner dans le montagne Mexicaine à chaque année. Comme la nuit va tomber dans deux heures, nous allons faire un arrêt pour camper dans une autre station balnéaire; Cabanas balneario Erandira à ciudad Hildaldo. Nous arrivons à la station au soleil couchant. Le temps est frais car nous sommes en montagne. Les vapeurs des piscines d’eaux thermales s’élèvent au-dessus des quelques baigneurs qui trempent encore dans les bains.

Le lendemain, nous atteignons Ocampo, non sans quelques détours par des chemins sans issus, car nous ne suivons pas le circuit touristique habituel des visiteurs de Mariposa. De Ocampo vers El Rosario, la longue montée de 11 kilomètres suit un chemin de pierres très pittoresque rempli de topes à profusion, de petites bosses mis en travers du chemin pour ralentir la circulation. Nous avons nommé El Rosario le pays de milles topes.

Pour aller voir les monarques, qui hibernent à 3 000 mètres d’altitude, il faut traverser à pied un chemin de poussière bordé de cabanes en bois offrant des tas de marchandises. Enfin nous arrivons à l’entrée du parc. C’est un forêt d’épicea de 25 mètres. Il s’agit bien d’un endroit protéger contre le déboisement et l’habitation humaine. Une dizaine de guides discutent entre eux pour choisir lequel nous accompagnera sommet. Nous atteignons le sommet après une marche de deux kilomètres sur un sentier aménagé en escalier.
Les monarques, quelle magie de les voir agglutinés en grappes par milliers, sur les troncs et les branches des grandes épinettes. La journée commencée sous les nuages laisse présager une activité moins grande des papillons qui ne volent que sous les rayons du soleil. Mais le ciel s’éclaircit enfin et les chauds rayons solaires pénètrent jusqu’au cœur des boisés. Des milliers de monarques volent partout autour de nous et jusqu’au dessus des arbres. Moments magiques que le vol de cet insecte fragile qui parcoure en deux mois les 5 000 kilomètres entre les Laurentides et les montagnes de El Rosario pour survivre à l’hiver. Cela leurs exigent plusieurs générations pour arriver au Mexique et de même pour retourner au Nord passer l’été.

Toluca et le volcan Nevado

Du sommet de El Rosario, nous nous dirigeons vers Toluca la capitale de l’État du Mexico ( 550 000 habitants) à 3 200 mètres d’altitude. Sa grande place centrale est plus sobre que celle de Morelia. Ici, le rythme de vie est plus trépident que dans les autres villes que nous avons visité. Je tombe par hasard sur le service de photocarthototèque de l’État. Je m’y procure une orthophoto du volcan Nevado que nous voulons aller visiter.

En fin de journée, à 30 kilométres de Toluca, nous abordons le piedmont du Nevado. Ce volcan est totalement inactif depuis un millier d’années. Il est le seul volcan dont le cratère puisse être atteint par une route en auto. Nous devons prendre une route de 17 kilomètres qui nous conduit au sommet. Mais nous sommes aux environs de 19h00 et il fait nuit. Nous rebroussons chemin pour aller camper au village de Ruis, en face de l’église. L’altitude élevée et la fatigue font battre plus vite notre rythme cardiaque. Bonne idée que de dormir en bas au village avant de reprendre la montée au volcan.

Le lendemain matin, tôt, nous entreprenons, en camion, l’ascension vers le sommet du volcan. Sur la route nous rencontrons des coureurs qui parcourent la distance de 17 kilomètres en franchissant les 1 100 mètres d’altitude à la vitesse d’environ 8 kilomètres à l’heure. Quel entraînement!

Arrivée au sommet, nous descendons dans les deux cratères qui forment aujourd’hui deux petits lacs peu profond, le lac du Soleil et le lac de la Lune. Autour de nous s’élève la couronne du cratère d’une hauteur de 500 à 700 mètres. Des marcheurs du dimanche parcourent la base de cette couronne et des treckeurs sillonnent sa crête. Je m’informe auprès d’un marcheur qui revient de son ascension. L’atteinte des abords de la crête ne pose pas de grandes difficultés à part l’essouflement et l’accélération fulgurante du rythme cardiaque. La discussion avec le marcheur et son père, tous les deux se nomment Victor, se prolonge. Le père qui a 72 ans a été le directeur général des parcs du Mexique, il y a quelques années. Il est encore actif à titre de président de président de l’association internationale des parcs et des réserves écologiques des deux amériques.

J’entreprend à mon tour la montée vers la crète. Essouflante cette petite escalade de 400 mètres mais quelle sensation de flottement et une vue imprenable sur le fond du cratère et sur les vallées environnantes à 1 500 mètres plus bas. Je rejoins une petite équipe d’alpinistes qui se préparent à escalader un crête rocheuse avec un magnifique bouledogue noir qui partagera mon sandwich assis sur un button au-dessus de moi. Comme quoi il n’y a pas que mon teckel Toulouse qui se délecte de sandwich.

Taxco : la haute et riche argentière

Du volcan Nevado nous prenons la route pour le sud vers la petite ville de Taxco. La route est aussi sinueuse et à flanc de montagne que celle que nous avions pris entre Mazatlan et Durango. Nous la baptisons la ``El diabolo de Taxco``. Vers 17h30 nous apercevons les contreforts de la ville construite à flanc de montagne. Comment allons-nous entrer là et y trouver un petit coin pour dormir ? Selon Church and Church, il n’y a pas de trailer park ni de camping. Ici, il n’y a que des hôtels. Puis nous voyons une immense annonce de l’hôtel MonteTaxco où nous croyons y lire le mot campo. Ca y est, on a peut-être trouver un terrain de camping. On enfourche une route qui monte et monte avec des virages en épingles. Ca monte tellement qu’on prend la route en première. Qu’allons-nous découvrir la-haut? On n’en sait rien mais nous sommes sur d’une chose on ne redescendra pas de là avant le lendemain.

Au sommet niche un chic hôtel le MonteTaxco Resort, cinq étoiles, centre de villégiature de fin de semaine pour le repos de riches mexicains. La chambre y est offerte à 1 630 pesos (163.00$ CAN ) la nuit. Nous dormirons dans le stationnement public en face du téléférique qui relie le sommet de Taxco et la ville en bas. Notre Safari Condo de MonteTaxco nous sembla plus luxueux cette nuit là.

Au matin, nous prenons le téléférique pour franchir les 500 mètres d’altitude qui nous séparent du bas de la ville. Des maisons blanches au toit de tuiles rouges se répandent à flanc de montagne. Pour parcourir la ville, il faut passer par de petites ruelles toujours en pente où marchent les gens. Seul une multitude de taxis coccinelles et de petit collectivos buswagons parcourent ces rues, serpentant entre les marcheurs. Taxco est la ville des artisans des bijoux et des sculptures en argent. Il y a de tout entre la brocante plaqué argent du marché populaire et les boutiques luxueuses véritables galeries d’art renfermant des sculptures comme un jaguar grandeur nature ou une Toulouse grandeur nature tout en argent. Et oui, on immortalise des Toulouses en métal précieux. Quelle classe les teckels en argent!

Cuernavaca la commerciale

Nous sortons de Taxco, avec le Safari, sans y être vraiment entrés. Nous prenons la route vers Cuernavaca plus au nord. La descente du sommet de Taxco vers Cuernavaca est plus facile par ``l’autopista`` que par la ``libre``. Dans mon esprit, Cuernavaca est une ville mythique mais nous serons déçu de découvrir une ville banlieue de Mexico, avec un centro bondé de voitures et de centres commerciaux. Elle est aujourd’hui envahie par des citoyens de la ville de Mexico qui viennent y trouver un peu moins de pollution et des terrains entourés d’arbres fleuris. Décevante Cuernavaca avec ses affiches publicitaires géantes aux approches des enetrées de la ville, des centres commerciaux de toutes sortes cachés dans des galeries sur le pourtour du Centro.

Nous passerons 5 jours campés à 20 kilomètres au sud de Cuernavaca, au chic Paraiso trailers park, dont nous sommes presque les seuls clients avec un Newyorkeur de Long Island. Du Camping nous irons voir les pyramides de Xochicalco et le volcan Popocatepetl. Le site des pyramides du serpent à plumes Quetzalcoalc, construit entre 700 à 1 000 ans de notre ère, est particulièrement impressionnant pour son jeu de ``pelota`` une sorte de soccer Aztèques se jouant en équipe de dix joueurs qui font rebondir sur leur corps une petole de caoutchouc de la grosseur d’un ballon de soccer qu’ils doivent faire passer par des anneaux situés de part et d’autre sur les pentes du jeux au centre. Le site est connu pour la pyramide du serpent qui présente sur ses quatre faces des sculptures bien conservées de grands serpents à plumes.

Le Popocatepetl

Plus au nord, nous irons à la rencontre du grand guerrier le volcan Popocatepetl et sa sœur blanche le Iztaccihuatl. Le Popo est un enfant de la terre comme se plaît à l’appeler Umberto, le dynamique proprio du camping Paraiso de 72 ans. C'est un jeune volcan encore très actif s'élevant à 5 500 mètres ( 17 000 pieds). Le Popo et sa grande sœur blanche qui est plus veille et inactive depuis 1 000 ans comme le Nevado sont au centre d’un grand parc que nous approcherons par la route de Amacance qui passe entre les deux sommets où règnent des glaciers éternels.

En hiver, la neige recouvre les deux montagnes qui sont le terrain de jeu des alpinistes si l’activité volcanique se calme un peu. Pour côtoyer le Popocatpetl il faut se faire humble et confiant en craignant sa colère, car si il se mettait à cracher des pierres et des cendres nous serions vite évacués comme des dizaines de milliers de personnes qui vivent dans les environs. Fort heureusement des sondes électroniques souterraines captent les moindres soubresaults du terrible guerrier qui a fait trembler le voisinage à plusieurs reprises ces dernières années. La route du cratère est fermée nous ne pourrons approcher le Popo qu’à 3 kilomètres de distance. Une centaine de kilomètres plus au nord s’étend une des plus grandes du monde, Mexico la fascinante capitale du Mexique avec une population de 30 millions d’habitants.

mardi 1 avril 2008

Guadalajara et l'esprit Tapatio

Une fois n’est pas coutume mais se prélasser dans une piscine remplie d’eaux thermales en regardant le ciel rempli d’étoiles où brille la pleine lune de mars, celle de l’équinoxe du printemps, est une expérience de relaxation ultime. Ces eaux chaudes sont celles de la ville balnéaire de Villa Corona située entre Colima et Guadalajara. La côte et la mer du Pacifique sont maintenant chose du passé. La montagne et les villes coloniales nous ouvrent leurs routes et leurs places chargées d’une histoire coloniale espagnole, côtoyant un passé toujours vivant, celui des indiens des civilisations Tarazcan et Aztèques.

À Colima, ce sont les sommets imposants de deux grands volcans qui couronnent le paysage de la ville. Ils sont pourtant situés à 45 kilomètres plus à l’est. Pour s’y rendre, il faut passer par Comala, une petite ville d’écoles artisanales et sillonner les vallons formant le piedmont des grands volcans. L’un des volcans est en latence, sa dernière fumisterie est toute récente, 1999. Sur sa couronne on voit son panache de jet de vapeur qui s’élève à toutes les heures.

Le terrain de camping à Colima est situé à l’aéroport, un endroit un peu en retrait de la ville et tout près de son centre. Nous y avons dormi, installés à côté d’un patio colonial un peu défraîchi dont les lampadaires sont surmontés de petits dragons. Le gardien, qui a sa maison attenant à la piste, nous a invité à la petite fête qu’il tenait avec des amis sur son patio. Nous l’avons remercié de sa gentillesse car la visite du centre historique de Colima nous attirait . Et quel centre ville! Une très belle place centrale où la fanfare de Colima donnait dans le kiosque, un beau dimanche soir, un concert de musique de films. Il fallait voir tout ce monde valser, petits et grands, jeunes et vieux sur des airs classiques et de danse qui ont traversé le temps.

À 2 900 mètres d'altitude (8000 pieds), Guadalajara s'étale sur un plateau entouré de montagnes. Ville de 4 millions d'habitants, la deuxième en importance au Mexique après Mexico. Une culture particulière anime Guadalajara. Ses créateurs lui ont donné un nom particulier: l'esprit Tapatio. Même en pleine semaine sainte où les vendeurs de bebelles sont partout, il est possible de voir l'aura de la ville si on se cache dans de petits coins ombragés pour en admirer les beautés.

Pendant la semaine sainte, tout le monde ou presque est en vacance. La légende dit que les Mexicains envahissent les plages, les hôtels et les campings du bord de mer. C’est vrai qu’ils sont légions avec leurs bières, leurs radios Sonar et todo la familia. C’est beau à voir les muchachas et les muchachos qui se roulent dans les petites vagues et leurs parents jetant un regard attendri et fier sur leur progéniture. Comme nous l’avons mentionné dans d’autres capsules, le Mexique est un peuple d’avenir. Mais ils ne vont pas tous à la mer. On les retouve aussi en ville se baladant dans les plazas du Centro .

Ce qui surprend davantage un québécois, ce sont les activités entourant la semaine sainte et les foules aux abords des églises. La semana santa est une furie religieuse, un débordement de foi et d’espoir parsemé de rites et de magies religieuses. Devant la basilique de Guadalajara, où nous nous retrouvons, comme nous le faisons dans chaque ville. Il y a foule ce jeudi saint, à Guadalajara, qui est une journée spéciale car on va y ordonner une centaine d’aspirants prêtres catholiques. La Basilique est plus que bondée, elle est presque au bord de l’éclatement. Les fidèles y entrent de partout. Nous avons dû louvoyer dans une file en attente pour y entrer.

En fin de journée, nous y revenons pour pouvoir voir enfin les dimensions artitisques et architecturales de la Basilique. Mal nous en pris de constater qu’une autre cérémonie était imminente. Cette fois un grandiose pageant religieux de diacres, de séculaires, de chanoines, d’évêques précède le Cardinal de Guadalajara, un grand bonhomme sympathique et souriant saluant ses gens qui le saluent de la main au-dessus de leurs têtes, une vague de mains occillant au-dessus des têtes souriantes et heureuses du salut de l’homme qui représente pour eux la Foi.

Comme nous étions dans l’église à fureter entre les statues et les peintures, l’arrivée de la procession à partir de la sacristie de la Basilique nous prend un peu par surprise. Louise se faufile derrière une colonne, à l’affût, pendant que moi je retraite derrière l’église pour me mettre à l’abri du nuage d’encens, auquel je suis allergique, qui s’élève en fumée dense animé par un porteur nerveux et énergique répandant son effluve sur le peuple, qui adore cet excès.

Résultat de cet échaufourrée, nous nous sommes perdus de vue pendant une heure. Se retrouver sur le parvis de la Basilique, qui grouille de monde, n’est pas chose facile mais c’est faisable si vous êtes une Louise Milhomme. Sortie dehors, par une autre porte que celle où je me trouvais, elle se hisse sur la place devant les trois portes de la Basilique pour me voir sortir. , Pendant ce temps, aussitôt que la suite du Cardinal eut enjambé l’allée centrale menant à la nef, je m’avance lentement et péniblement à contre-courant de la foule venant par devers moi pour aller retrouver mon oiseau que je crois toujours caché derrière la colonne du temple . J'avance par petits pas de danse de travers, d'amincissement théorique de la cage thoracique (bedaine) pour laisser passer les femmes, les bras chargés d’enfants, suivies d'hommes protecteurs les entourant de leurs bras. Derrière la colonne, que j’atteins enfin, il n’y a pas de Loulou. Elle s’était volatilisée dans la foule, à contre-courant elle aussi pour s’évader de cette masse grouillante et palpitante de Foi, pour me rejoindre à l’extérieur. Sortant à mon tour, je fis le pied de grue devant le parvis scrutant chacune des portes lorsque je sens un rayon lumineux me frôler la nuque, je me tourne et vois le regard narquois et lumineux de Loulou qui m’avertit que c’est elle qui a repéré ma casquette blanc-crue et mon visage pâle de roux dépassant les têtes mexicaines bronzées de couleur cuivre.

Parmi une foule intense, sur les places, nous avons marché toute la journée cette magnifique ville qui se définit par un seul mot `Tapatio`, l’esprit de Guadalajara. De grands boulevards ornés de fontaines et de statues, éloges de l’INDÉPENDANCE et surtout de la fondation d’une république. Une ville fière de porter l’histoire de l’abolition de l’esclavage, bien avant les États-Unis d’Amérique (USA), et de la libération des Indiens avec, à leur tête, un Jésuite, Miguel Hidalgo, révolté par la colonisation espagnole et l’asservissement social de la couronne espagnole sur le peuple Indien et les esclaves noirs. Une ville qui fut la première capitale du Mexique, avant Mexico. Une ville où les arts, la science et la technologie fleurissent avec talent.

L’esprit `Tapatio` qu’est-ce au juste? L’âme de la ville qui se reflète dans une architecture unique créée bien après l’époque coloniale espagnole. Un style architectural moderne, une couleur orangée et des formes ordonnées, entre la pierre austère et grise de l’époque médiévale et la pierre fade et monotone presque sans couleur de notre époque contemporaine et ses lignes modernes composées de vitraux reflétant les nuages et les ombres des édifices environnant.

L'esprit Tapatio est un style contemporain unique à Guadalaja, sorte de landmark mondial qui n’est pas sans rappeler quelque chose à propos de l’identité, de l’unicité, de la culture régionale qui se démarque de celle de ses voisins américains `USA`et Canadiens. Une culture fortement chargée par l’HISTOIRE de son peuple et de ses libérateurs.

L’esprit `Tapatio`qu’est-ce au juste sinon l’âme de ce peuple qui, avant tout, est le reflet d’un esprit social et de franchise tel que je l’ai perçu dans le dialogue avec deux jeunes mexicains, l’esprit ouvert sur le monde, demandant ce qui se passe au Québec? Comment nos enfants vivent? Pourquoi nous sommes ici ? Qu’est-ce que nous recherchons? Qu’avons-nous trouvé ?
L’esprit `Tapatio` est un style très moderne, une couleur unique, ou plutôt devrais-dire des couleurs de pierres orangées mélangées aux couleurs de fleurs mauves du `Jacaranda` un mauve brillant qui tapisse le ciel et le sol de la ville à de multiples endroits.

Pour découvrir le style `Tapatio` vous êtes invités à consulter les photos qui se trouvent ci-contre sur le site du blogue `` El Conejo``.