lundi 21 avril 2008

L'altitude : de Patzcuaro à Cuernavaca

Le Mexique est avant tout un pays de montagnes et de haut-plateaux. La majorité de sa population vit sur des haut-plateaux à une altitude variant de 2 000 à 3 000 mètres (6 300 à 9 300 pieds). Nous sommes entrés dans le vrai Mexique intérieur à partir de Manzanillo où nous avons quitté la mer et les plages pour les haut-plateaux. L’altitude des terrasses maritimes, qui sont en moyenne de 13 mètres, fera place à l’altitude des haut-plateaux et de certains sommets de 5 000 à 6 000 mètres comme les volcans Nevado à Toluca et le Popocatepetl près de Publa.

La géographie de ce pays est tellement variée que cela crée des modes de vie et des habitats contrastants. Il y a plusieurs Mexique dans ce pays.

Patzcuaro, le pays des artisans

De Guadalajara, la ville à l’esprit Tapatio, nous avons pris la route vers Patzcuaro en prenant de l’altitude. Patzcuaro est une petite ville de 50 000 habitants à 2 500 mètres d’altitude ( 7 500 pieds). Arrivé le jour de Pâques, nous avons découvert une petite ville en effervescence. Le centro comprend deux places, la grande (plaza Vazca de Quiroga) et la petite ( plaza Gertrudis Boca Negra) qui étaient remplies à craquer de petits étals de vendeurs de marchandises de toutes sortes : artisanats, fruits et légumes, bouffe odorante et piquante, le tout servi par des gens haut en couleurs dans leurs costumes traditionnels. Sur la grande place dansaient quelques jeunes, accompagnés d’une guitare et d’une contrebasse. Cette danse est un classique de la région. Elle immite des vieux aux pas alertes tapant des pieds un peu comme une gigue rythmant de leurs pas la mélodie jouée par les musiciens.

Patzcuaro est construite de maison en Adobe. Ce terme évoquera pour certains le fameux logiciel Acrobat reader mais le terme évoque ici la fabrication des briques de terre rouge mélangée à du foin et de l’eau pillassée par un cheval. La couleur des édifices est uniforme partout dans toutes les rues du centro, le bas des maisons est rouge-foncé et le haut blanc. Les autobus et les taxis forment ici le principal de la circulation. Ce sont des Volskwagon, coccinelles et buswagon aux feux circulaires.

Le lac Patzcuaro a quelques îles habitées. Pour s’y rendre, il y a des bateaux taxis très colorés que nous prenons au quai principal de la ville. L’île de Janitzio est la principale des quatre îles du lac, et la plus visitée par les touristes. C’est un gros caillou de 700 mètres de diamètre et de 150 mètres de hauteur. Elle est habitée par des indiens Taratzcan qui vivent dans des maisons de pierre et de ciment construites en terrasses du bas jusqu’au haut de l’île. Elle est sillonnée de ruelles et d’escaliers qui permettent d’aller partout dans tous les sens. On s’y déplace parmi un chapelet continuel d’étals de marchandise et de nourriture tenus par des femmes habillées d’une robe traditionnelle blanche avec des broderies colorées avec un tablier bleu rayé de gris.

Sur le sommet de l’île s’élève une statue d’une impressionnante laideur, haute de 50 mètres, érigée en l’honneur de Jose Maria Morellos, un des généraux révolutionnaires. À l’image de la statue de la liberté à New-York, elle a un bras élevée au-dessus de la tête portant un flambeau. Cette structure est un assemblage de pierres et de ciment reposant sur une base pyramidale. À l’intérieur, on peut y gravir les 7 étages en parcourant des fresques relatant l’histoire de la révolution mexicaine, de la libération de l’esclavage et de la domination de la couronne espagnole qui a étouffé la population indienne pendant 300 ans. Arrivé au sommet du bras, une fourmillière de mexicains se pressent pour se faufiler la tête par une fente de 30 centimètres, les peids appuyés sur le rebord de ciment à peine assez large pour y mettre les pieds. L’espace d’un instant les fourmis montent de plus en plus dans ce petit espace de 2 mètres de diamètre. Personne n’assure la sécurité et l’ordonnancement des gens qui montent et descendent. Il faut dire aux gens d’attendre en bas afin de libérer l’escalier pour descendre. Je rejoins Louise qui est restée en bas de l’île, que nous quittons rapidement par bateau enveloppés par les odeurs nauséabondes des eaux brunes du lac. C’est bien dommage qu’ils ne prennent pas soin de l’environnement du lac car il étouffe le pauvre. Et dire qu’ils pêchent encore des petits poissons blancs et des carpes qu’on nous offraient grillés ou séchés et que nous avons refusé.

Santa Clara del Cobre

Aux alentours de Patzcuaro, il y a des villages d’artisans comme Santa Clara del Cobre où se produisent des objets en cuivre. Autour de la place du centro et dans quelques rues attenantes on trouve des dizaines d’atelier d’artisans du cuivre. De véritables cavernes d’Alibaba remplies de trésors fabriqués dans les cours arrières où brûlent des feux sur lesquels on chauffe des plaques de cuivre, les martelle afin de les amincir et leur donner la forme de milles objets divers : soleil, lune, éviers, bassines, chaudrons et plateaux ornés de dessins floraux et animaliers d’une grande finesses. Chaque village a une spécialité, le cuir à Quiroja, la sculpture sur pierre à Iahuitzo, le fer forgé et la sculpture sur bois à Patzcuaro. La région regorge d’objets de qualité et de grande beauté inspirés par les symboles de la tradition culturelle Taratzcan.

Iuhatzio : la sainte florarie

Essayez de prononcer Iuhatzio à voix haute, et cet autre, Tzinzintzan. Ces villages ne sont pas habités par des chinois immigrés au Mexique mais par des Tarazcan, un peuple indien qui a sa propre langue encore vivante et enseignée dans les écoles de la région de Patzcuaro. Tout à côté de Iuhatzio, nous avons visité notre premier site archéologique, une petite pyramide double face à une longue place de 500 mètres. À la fin de la journée, nous entrons dans le petit village de Iuhatzio où se prépare la fête du saint patron de la paroisse. Tout les villages en ont un que l’on fête en grand ici au Mexique. Tout le village est fébrile et des pétards éclatent dans la montagne afin d’attirer l’attention du Saint qui vaque au ciel à d’autres occupations plus sanctifiantes que de planer au-dessus d’un des nombreux villages dont il a été gratifié le saint patron. On se faufile en camion Safari dans les petites ruelles du village, à peine assez large, à première vue, pour laisser passer une voiture. La plupart sont des sens unique. Arriver devant l’église on se stationne dans une croisée de chemin un peu plus large. Devant nous, les rues me semblent encore plus étroites. Comment allons-nous sortir de là? Pour l’instant, ce qui attire notre attention ce sont quelques hommes qui s’affairent à construire un portique de fleurs qui sera élevé autour de l’entrée principale de l’église. Il n’y a pas moins de 10 000 fleurs rouge et blanche et de la verdure attachées en rangs serrés, formant des dessins élégants. Dans l’église, il y a aussi des fleurs partout dans la nef principale et sur les autres petits autels. Des centaines de bouquets de fleurs, des lys blancs et des gerberas de toutes couleurs, décorent cette magnifique église. Quelle démesure!

Nous reprenons le chemin vers la sortie du village lorsque devant nous s’avance une procession bruyante.Les hommes pétards et une fanfare de cuivre accompagnent une petite troupe de femmes, hommes et enfants qui marchent autour des porteurs de la statue du patron et de la vierge de la Guadeloupe qui accompagne toujours le saint dans son périple terrestre. Toutes les femmes portent des bouquets de fleurs qui viendront s’ajouter à l’exhubérance florale déjà présente dans l’église. Mais surprise, les marcheurs sont suivis par les gros camions du village. Trop tard pour reculer le Safari, les camions se glisseront dans l’étroit passage qui reste entre les facades des maisons et le Safari, passant lentement sans que personne ne nous invective pour le dérangement que nous leur occasionnons.

El Rosiario : le pays des Monarques

En quittant la région du lac Patzcuaro, nous passons par Morelia, la capitale de l’Ètat du Michoacan. C’est une ville magnifique avec un centro historique formé d’un ensemble d’édifices de l’époque coloniale ayant une petite touche royale, car la ville a été jadis le siège de la vice royauté de la Nouvelle Espagne. Comme la plupart des édifices de l’époque coloniale au Mexique, ces habitations royales ont été converties depuis la révolution en siège du gouvernement de l’État, du conseil et de l’administration municipale, en locaux pour l’Université et les écoles publiques.

Nous quittons Morelia en fin de journée afin de nous diriger vers les Monarques, les papillons venant du nord qui viennent hiberner dans le montagne Mexicaine à chaque année. Comme la nuit va tomber dans deux heures, nous allons faire un arrêt pour camper dans une autre station balnéaire; Cabanas balneario Erandira à ciudad Hildaldo. Nous arrivons à la station au soleil couchant. Le temps est frais car nous sommes en montagne. Les vapeurs des piscines d’eaux thermales s’élèvent au-dessus des quelques baigneurs qui trempent encore dans les bains.

Le lendemain, nous atteignons Ocampo, non sans quelques détours par des chemins sans issus, car nous ne suivons pas le circuit touristique habituel des visiteurs de Mariposa. De Ocampo vers El Rosario, la longue montée de 11 kilomètres suit un chemin de pierres très pittoresque rempli de topes à profusion, de petites bosses mis en travers du chemin pour ralentir la circulation. Nous avons nommé El Rosario le pays de milles topes.

Pour aller voir les monarques, qui hibernent à 3 000 mètres d’altitude, il faut traverser à pied un chemin de poussière bordé de cabanes en bois offrant des tas de marchandises. Enfin nous arrivons à l’entrée du parc. C’est un forêt d’épicea de 25 mètres. Il s’agit bien d’un endroit protéger contre le déboisement et l’habitation humaine. Une dizaine de guides discutent entre eux pour choisir lequel nous accompagnera sommet. Nous atteignons le sommet après une marche de deux kilomètres sur un sentier aménagé en escalier.
Les monarques, quelle magie de les voir agglutinés en grappes par milliers, sur les troncs et les branches des grandes épinettes. La journée commencée sous les nuages laisse présager une activité moins grande des papillons qui ne volent que sous les rayons du soleil. Mais le ciel s’éclaircit enfin et les chauds rayons solaires pénètrent jusqu’au cœur des boisés. Des milliers de monarques volent partout autour de nous et jusqu’au dessus des arbres. Moments magiques que le vol de cet insecte fragile qui parcoure en deux mois les 5 000 kilomètres entre les Laurentides et les montagnes de El Rosario pour survivre à l’hiver. Cela leurs exigent plusieurs générations pour arriver au Mexique et de même pour retourner au Nord passer l’été.

Toluca et le volcan Nevado

Du sommet de El Rosario, nous nous dirigeons vers Toluca la capitale de l’État du Mexico ( 550 000 habitants) à 3 200 mètres d’altitude. Sa grande place centrale est plus sobre que celle de Morelia. Ici, le rythme de vie est plus trépident que dans les autres villes que nous avons visité. Je tombe par hasard sur le service de photocarthototèque de l’État. Je m’y procure une orthophoto du volcan Nevado que nous voulons aller visiter.

En fin de journée, à 30 kilométres de Toluca, nous abordons le piedmont du Nevado. Ce volcan est totalement inactif depuis un millier d’années. Il est le seul volcan dont le cratère puisse être atteint par une route en auto. Nous devons prendre une route de 17 kilomètres qui nous conduit au sommet. Mais nous sommes aux environs de 19h00 et il fait nuit. Nous rebroussons chemin pour aller camper au village de Ruis, en face de l’église. L’altitude élevée et la fatigue font battre plus vite notre rythme cardiaque. Bonne idée que de dormir en bas au village avant de reprendre la montée au volcan.

Le lendemain matin, tôt, nous entreprenons, en camion, l’ascension vers le sommet du volcan. Sur la route nous rencontrons des coureurs qui parcourent la distance de 17 kilomètres en franchissant les 1 100 mètres d’altitude à la vitesse d’environ 8 kilomètres à l’heure. Quel entraînement!

Arrivée au sommet, nous descendons dans les deux cratères qui forment aujourd’hui deux petits lacs peu profond, le lac du Soleil et le lac de la Lune. Autour de nous s’élève la couronne du cratère d’une hauteur de 500 à 700 mètres. Des marcheurs du dimanche parcourent la base de cette couronne et des treckeurs sillonnent sa crête. Je m’informe auprès d’un marcheur qui revient de son ascension. L’atteinte des abords de la crête ne pose pas de grandes difficultés à part l’essouflement et l’accélération fulgurante du rythme cardiaque. La discussion avec le marcheur et son père, tous les deux se nomment Victor, se prolonge. Le père qui a 72 ans a été le directeur général des parcs du Mexique, il y a quelques années. Il est encore actif à titre de président de président de l’association internationale des parcs et des réserves écologiques des deux amériques.

J’entreprend à mon tour la montée vers la crète. Essouflante cette petite escalade de 400 mètres mais quelle sensation de flottement et une vue imprenable sur le fond du cratère et sur les vallées environnantes à 1 500 mètres plus bas. Je rejoins une petite équipe d’alpinistes qui se préparent à escalader un crête rocheuse avec un magnifique bouledogue noir qui partagera mon sandwich assis sur un button au-dessus de moi. Comme quoi il n’y a pas que mon teckel Toulouse qui se délecte de sandwich.

Taxco : la haute et riche argentière

Du volcan Nevado nous prenons la route pour le sud vers la petite ville de Taxco. La route est aussi sinueuse et à flanc de montagne que celle que nous avions pris entre Mazatlan et Durango. Nous la baptisons la ``El diabolo de Taxco``. Vers 17h30 nous apercevons les contreforts de la ville construite à flanc de montagne. Comment allons-nous entrer là et y trouver un petit coin pour dormir ? Selon Church and Church, il n’y a pas de trailer park ni de camping. Ici, il n’y a que des hôtels. Puis nous voyons une immense annonce de l’hôtel MonteTaxco où nous croyons y lire le mot campo. Ca y est, on a peut-être trouver un terrain de camping. On enfourche une route qui monte et monte avec des virages en épingles. Ca monte tellement qu’on prend la route en première. Qu’allons-nous découvrir la-haut? On n’en sait rien mais nous sommes sur d’une chose on ne redescendra pas de là avant le lendemain.

Au sommet niche un chic hôtel le MonteTaxco Resort, cinq étoiles, centre de villégiature de fin de semaine pour le repos de riches mexicains. La chambre y est offerte à 1 630 pesos (163.00$ CAN ) la nuit. Nous dormirons dans le stationnement public en face du téléférique qui relie le sommet de Taxco et la ville en bas. Notre Safari Condo de MonteTaxco nous sembla plus luxueux cette nuit là.

Au matin, nous prenons le téléférique pour franchir les 500 mètres d’altitude qui nous séparent du bas de la ville. Des maisons blanches au toit de tuiles rouges se répandent à flanc de montagne. Pour parcourir la ville, il faut passer par de petites ruelles toujours en pente où marchent les gens. Seul une multitude de taxis coccinelles et de petit collectivos buswagons parcourent ces rues, serpentant entre les marcheurs. Taxco est la ville des artisans des bijoux et des sculptures en argent. Il y a de tout entre la brocante plaqué argent du marché populaire et les boutiques luxueuses véritables galeries d’art renfermant des sculptures comme un jaguar grandeur nature ou une Toulouse grandeur nature tout en argent. Et oui, on immortalise des Toulouses en métal précieux. Quelle classe les teckels en argent!

Cuernavaca la commerciale

Nous sortons de Taxco, avec le Safari, sans y être vraiment entrés. Nous prenons la route vers Cuernavaca plus au nord. La descente du sommet de Taxco vers Cuernavaca est plus facile par ``l’autopista`` que par la ``libre``. Dans mon esprit, Cuernavaca est une ville mythique mais nous serons déçu de découvrir une ville banlieue de Mexico, avec un centro bondé de voitures et de centres commerciaux. Elle est aujourd’hui envahie par des citoyens de la ville de Mexico qui viennent y trouver un peu moins de pollution et des terrains entourés d’arbres fleuris. Décevante Cuernavaca avec ses affiches publicitaires géantes aux approches des enetrées de la ville, des centres commerciaux de toutes sortes cachés dans des galeries sur le pourtour du Centro.

Nous passerons 5 jours campés à 20 kilomètres au sud de Cuernavaca, au chic Paraiso trailers park, dont nous sommes presque les seuls clients avec un Newyorkeur de Long Island. Du Camping nous irons voir les pyramides de Xochicalco et le volcan Popocatepetl. Le site des pyramides du serpent à plumes Quetzalcoalc, construit entre 700 à 1 000 ans de notre ère, est particulièrement impressionnant pour son jeu de ``pelota`` une sorte de soccer Aztèques se jouant en équipe de dix joueurs qui font rebondir sur leur corps une petole de caoutchouc de la grosseur d’un ballon de soccer qu’ils doivent faire passer par des anneaux situés de part et d’autre sur les pentes du jeux au centre. Le site est connu pour la pyramide du serpent qui présente sur ses quatre faces des sculptures bien conservées de grands serpents à plumes.

Le Popocatepetl

Plus au nord, nous irons à la rencontre du grand guerrier le volcan Popocatepetl et sa sœur blanche le Iztaccihuatl. Le Popo est un enfant de la terre comme se plaît à l’appeler Umberto, le dynamique proprio du camping Paraiso de 72 ans. C'est un jeune volcan encore très actif s'élevant à 5 500 mètres ( 17 000 pieds). Le Popo et sa grande sœur blanche qui est plus veille et inactive depuis 1 000 ans comme le Nevado sont au centre d’un grand parc que nous approcherons par la route de Amacance qui passe entre les deux sommets où règnent des glaciers éternels.

En hiver, la neige recouvre les deux montagnes qui sont le terrain de jeu des alpinistes si l’activité volcanique se calme un peu. Pour côtoyer le Popocatpetl il faut se faire humble et confiant en craignant sa colère, car si il se mettait à cracher des pierres et des cendres nous serions vite évacués comme des dizaines de milliers de personnes qui vivent dans les environs. Fort heureusement des sondes électroniques souterraines captent les moindres soubresaults du terrible guerrier qui a fait trembler le voisinage à plusieurs reprises ces dernières années. La route du cratère est fermée nous ne pourrons approcher le Popo qu’à 3 kilomètres de distance. Une centaine de kilomètres plus au nord s’étend une des plus grandes du monde, Mexico la fascinante capitale du Mexique avec une population de 30 millions d’habitants.

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