mardi 1 avril 2008

Guadalajara et l'esprit Tapatio

Une fois n’est pas coutume mais se prélasser dans une piscine remplie d’eaux thermales en regardant le ciel rempli d’étoiles où brille la pleine lune de mars, celle de l’équinoxe du printemps, est une expérience de relaxation ultime. Ces eaux chaudes sont celles de la ville balnéaire de Villa Corona située entre Colima et Guadalajara. La côte et la mer du Pacifique sont maintenant chose du passé. La montagne et les villes coloniales nous ouvrent leurs routes et leurs places chargées d’une histoire coloniale espagnole, côtoyant un passé toujours vivant, celui des indiens des civilisations Tarazcan et Aztèques.

À Colima, ce sont les sommets imposants de deux grands volcans qui couronnent le paysage de la ville. Ils sont pourtant situés à 45 kilomètres plus à l’est. Pour s’y rendre, il faut passer par Comala, une petite ville d’écoles artisanales et sillonner les vallons formant le piedmont des grands volcans. L’un des volcans est en latence, sa dernière fumisterie est toute récente, 1999. Sur sa couronne on voit son panache de jet de vapeur qui s’élève à toutes les heures.

Le terrain de camping à Colima est situé à l’aéroport, un endroit un peu en retrait de la ville et tout près de son centre. Nous y avons dormi, installés à côté d’un patio colonial un peu défraîchi dont les lampadaires sont surmontés de petits dragons. Le gardien, qui a sa maison attenant à la piste, nous a invité à la petite fête qu’il tenait avec des amis sur son patio. Nous l’avons remercié de sa gentillesse car la visite du centre historique de Colima nous attirait . Et quel centre ville! Une très belle place centrale où la fanfare de Colima donnait dans le kiosque, un beau dimanche soir, un concert de musique de films. Il fallait voir tout ce monde valser, petits et grands, jeunes et vieux sur des airs classiques et de danse qui ont traversé le temps.

À 2 900 mètres d'altitude (8000 pieds), Guadalajara s'étale sur un plateau entouré de montagnes. Ville de 4 millions d'habitants, la deuxième en importance au Mexique après Mexico. Une culture particulière anime Guadalajara. Ses créateurs lui ont donné un nom particulier: l'esprit Tapatio. Même en pleine semaine sainte où les vendeurs de bebelles sont partout, il est possible de voir l'aura de la ville si on se cache dans de petits coins ombragés pour en admirer les beautés.

Pendant la semaine sainte, tout le monde ou presque est en vacance. La légende dit que les Mexicains envahissent les plages, les hôtels et les campings du bord de mer. C’est vrai qu’ils sont légions avec leurs bières, leurs radios Sonar et todo la familia. C’est beau à voir les muchachas et les muchachos qui se roulent dans les petites vagues et leurs parents jetant un regard attendri et fier sur leur progéniture. Comme nous l’avons mentionné dans d’autres capsules, le Mexique est un peuple d’avenir. Mais ils ne vont pas tous à la mer. On les retouve aussi en ville se baladant dans les plazas du Centro .

Ce qui surprend davantage un québécois, ce sont les activités entourant la semaine sainte et les foules aux abords des églises. La semana santa est une furie religieuse, un débordement de foi et d’espoir parsemé de rites et de magies religieuses. Devant la basilique de Guadalajara, où nous nous retrouvons, comme nous le faisons dans chaque ville. Il y a foule ce jeudi saint, à Guadalajara, qui est une journée spéciale car on va y ordonner une centaine d’aspirants prêtres catholiques. La Basilique est plus que bondée, elle est presque au bord de l’éclatement. Les fidèles y entrent de partout. Nous avons dû louvoyer dans une file en attente pour y entrer.

En fin de journée, nous y revenons pour pouvoir voir enfin les dimensions artitisques et architecturales de la Basilique. Mal nous en pris de constater qu’une autre cérémonie était imminente. Cette fois un grandiose pageant religieux de diacres, de séculaires, de chanoines, d’évêques précède le Cardinal de Guadalajara, un grand bonhomme sympathique et souriant saluant ses gens qui le saluent de la main au-dessus de leurs têtes, une vague de mains occillant au-dessus des têtes souriantes et heureuses du salut de l’homme qui représente pour eux la Foi.

Comme nous étions dans l’église à fureter entre les statues et les peintures, l’arrivée de la procession à partir de la sacristie de la Basilique nous prend un peu par surprise. Louise se faufile derrière une colonne, à l’affût, pendant que moi je retraite derrière l’église pour me mettre à l’abri du nuage d’encens, auquel je suis allergique, qui s’élève en fumée dense animé par un porteur nerveux et énergique répandant son effluve sur le peuple, qui adore cet excès.

Résultat de cet échaufourrée, nous nous sommes perdus de vue pendant une heure. Se retrouver sur le parvis de la Basilique, qui grouille de monde, n’est pas chose facile mais c’est faisable si vous êtes une Louise Milhomme. Sortie dehors, par une autre porte que celle où je me trouvais, elle se hisse sur la place devant les trois portes de la Basilique pour me voir sortir. , Pendant ce temps, aussitôt que la suite du Cardinal eut enjambé l’allée centrale menant à la nef, je m’avance lentement et péniblement à contre-courant de la foule venant par devers moi pour aller retrouver mon oiseau que je crois toujours caché derrière la colonne du temple . J'avance par petits pas de danse de travers, d'amincissement théorique de la cage thoracique (bedaine) pour laisser passer les femmes, les bras chargés d’enfants, suivies d'hommes protecteurs les entourant de leurs bras. Derrière la colonne, que j’atteins enfin, il n’y a pas de Loulou. Elle s’était volatilisée dans la foule, à contre-courant elle aussi pour s’évader de cette masse grouillante et palpitante de Foi, pour me rejoindre à l’extérieur. Sortant à mon tour, je fis le pied de grue devant le parvis scrutant chacune des portes lorsque je sens un rayon lumineux me frôler la nuque, je me tourne et vois le regard narquois et lumineux de Loulou qui m’avertit que c’est elle qui a repéré ma casquette blanc-crue et mon visage pâle de roux dépassant les têtes mexicaines bronzées de couleur cuivre.

Parmi une foule intense, sur les places, nous avons marché toute la journée cette magnifique ville qui se définit par un seul mot `Tapatio`, l’esprit de Guadalajara. De grands boulevards ornés de fontaines et de statues, éloges de l’INDÉPENDANCE et surtout de la fondation d’une république. Une ville fière de porter l’histoire de l’abolition de l’esclavage, bien avant les États-Unis d’Amérique (USA), et de la libération des Indiens avec, à leur tête, un Jésuite, Miguel Hidalgo, révolté par la colonisation espagnole et l’asservissement social de la couronne espagnole sur le peuple Indien et les esclaves noirs. Une ville qui fut la première capitale du Mexique, avant Mexico. Une ville où les arts, la science et la technologie fleurissent avec talent.

L’esprit `Tapatio` qu’est-ce au juste? L’âme de la ville qui se reflète dans une architecture unique créée bien après l’époque coloniale espagnole. Un style architectural moderne, une couleur orangée et des formes ordonnées, entre la pierre austère et grise de l’époque médiévale et la pierre fade et monotone presque sans couleur de notre époque contemporaine et ses lignes modernes composées de vitraux reflétant les nuages et les ombres des édifices environnant.

L'esprit Tapatio est un style contemporain unique à Guadalaja, sorte de landmark mondial qui n’est pas sans rappeler quelque chose à propos de l’identité, de l’unicité, de la culture régionale qui se démarque de celle de ses voisins américains `USA`et Canadiens. Une culture fortement chargée par l’HISTOIRE de son peuple et de ses libérateurs.

L’esprit `Tapatio`qu’est-ce au juste sinon l’âme de ce peuple qui, avant tout, est le reflet d’un esprit social et de franchise tel que je l’ai perçu dans le dialogue avec deux jeunes mexicains, l’esprit ouvert sur le monde, demandant ce qui se passe au Québec? Comment nos enfants vivent? Pourquoi nous sommes ici ? Qu’est-ce que nous recherchons? Qu’avons-nous trouvé ?
L’esprit `Tapatio` est un style très moderne, une couleur unique, ou plutôt devrais-dire des couleurs de pierres orangées mélangées aux couleurs de fleurs mauves du `Jacaranda` un mauve brillant qui tapisse le ciel et le sol de la ville à de multiples endroits.

Pour découvrir le style `Tapatio` vous êtes invités à consulter les photos qui se trouvent ci-contre sur le site du blogue `` El Conejo``.

2 commentaires:

Pierre Normand a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Pierre Normand a dit…

Que de belles photos. Ça me rapelle mon voyage à Guadalajara il y a quelques années.

Si vous en avez la chance, trouvez-vous une birrierías pour aller déguster la Birria qui est un plat typique de la région fait à base de chèvre. C'est délicieux.

Pierre